Historique des Hun Lek
Durant le règne du roi Rama V, le vice-roi Krom Phra Rachawang Boworn Vichaicharn ( 1838-1886 ) ordonna la création, par des artisans chinois vivant à Bangkok, de marionnettes chinoises pour un public thaïlandais. Mesurant approximativement entre 28 et 37 cm suivant les caractères, elles sont vêtues de costumes identiques à ceux portés par les acteurs de l'opéra chinois et jouent des scènes de la littérature chinoise mais les dialogues sont traduits en langue thaï. Plus tard le vice-roi ordonna la création de marionnettes thaï qui prirent comme répertoire le Ramakien, version thaïlandaise du célèbre Ramayana soit dans le style Lakon Nai ( théâtre de cour royale ) soit Lakon Nog ( théâtre pour tout public ). Les premières marionnettes furent achevées en 1878 et la dernière représentation eu lieu en 1886, année où le vice-roi mourut. Il est probable que c'est à cause du manque d'argent et de manipulateurs que les représentations cessèrent.
Hormis la taille et la variété de visages parfois différents suivant les caractères, les Hun Luang et les Hun Lek sont identiques. Chaque marionnette est sculptée dans un bois léger et d'une seule pièce. La tête est mise en forme avec un long cou pour pouvoir l'insérer et la maintenir solidaire du corps. Puis le visage est recouvert de laque, de papier de couleur et enfin peint. Les traits des caractères humains féminins des Hun Lek ne sont pas soulignés comme ceux des Hun Luang et des masques du Khon. Elles ont le contours des lèvres, des yeux et des sourcils très tirés. Les visages humains masculins sont accentués délicatement, surlignés de traits de couleur, tout comme les faces de démons ou de singes qui sont peintes de la même manière, semblables aux marionnettes royales et aux masques du Khon. Les pinacles sont incrustés de gemmes et les coiffes sont parfois faites de cheveux humains. Les costumes faits à la main sont d'une grande finesse, et sont les répliques exactes des parures du théâtre dansé et masqué traditionnel. Des tissus précieux, comme le velours, la soie sont employés ainsi que des broderies, des paillettes, le tout rehaussé de fils d'or et d'argent.
Les mécanismes sophistiqués servant à manipuler les Hun Lek sont identiques à ceux utilisés par les marionnettes royales Hun Luang. Le corps est composé de plusieurs parties creuses, permettant aux 16 cordelettes pour les Hun Lek ( 11 pour leurs grandes surs) de passer au travers pour la manipulation. La taille est faite d'un tube en rotin relié a la poitrine par des hanches mobiles permettant à la marionnette de se tourner ou de se courber de façon réaliste. Les bras sont divisés en 3 parties distinctes et mobiles pour les Hun Lek ( 4 pour les Hun Luang) Les articulations sont réalisées avec une fine bande de cuir pour assurer une gestuelle parfaite. Hormis le pouce, les autres doigts, courbes avec des ongles très longs comme ceux que portent les danseurs du Khon, constituent un groupe solidaire et mobile. Les mains des singes et des démons forment une sorte de puits pour y insérer des armes ou des objets. Les personnages masculins ont des jambes articulées et séparées en 2 parties tandis que les personnages féminins possèdent 2 pieds fixes. Une longue tige de bois terminée par une poignée s'insère dans le bas du corps et sert de colonne vertébrale a la poupée et de commande au marionnettiste. Les fils sont connectés aux différentes parties articulées ( tête, dos, épaules, coudes, poignets, doigts, cuisses et genoux ). Une fois fixées à leurs places, les cordelettes suivent toutes le même chemin à travers les différents membres creux concernés pour se retrouver toutes au niveau de la poignée. Elles passent indépendamment dans une petite pièce plate, placée perpendiculairement juste au-dessus du manche. Ce guide comporte autant de trous qu'il y a de fils. Après cette étape franchie, un anneau de couleur est accroché au bout de chaque corde. C'est avec ce système complexe que le marionnettiste manipule chaque partie de la marionnette indépendamment des autres.
Anneau rouge : main levée
Anneau vert : main baissée
Anneau bleu : bras levé
Anneau orange : bras baissé
Anneau jaune : bras en avant
Anneau violet : bras en arrière etc.
Il y a des personnages représentant des princes, des princesses, des
démons, des singes, des soldats, des porteurs de drapeaux et d'ombrelles.
Les combattants imitent les postures de combat des peintures traditionnelles
thaïlandaises. Il y a aussi des ermites, des magiciens, des musiciens
célestes, des bossus et des animaux tels que des chevaux et des oiseaux
mythiques ( Sayadu et Sampathee ).
Aujourd'hui
De nos jours ces marionnettes traditionnelles ne sont plus jouées car les modes de fabrications et de manipulations se sont perdus. Il est possible d'admirer une collection de Hun Lek de 53 marionnettes thaï, 137 marionnettes chinoises et 4 Hun Luang au musée national de Bangkok Elles ont été restaurées par le maître marionnettiste Chakrabhand Posayakrit et une équipe de 22 artistes costumiers, sculpteurs et manipulateurs. Ces restaurations se sont déroulées entre 1982 à 1986 et de 1993 à 1997. Cette série de Hun Lek appartenait au vice-roi Krom Phra Rachawang Boworn Vichaicharn