Tholpava Kuttu du Kerala - INDE du Sud Ouest
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C'est pourquoi, l'histoire du Ramayana fut choisie comme fondement pour le Thol-Pavakoothu et joué dans les temples de Kali. Nous en déduisons que cet art est très ancien sans pour autant pouvoir le dater avec exactitude. L'histoire du Ramayana est étendue à l'anniversaire du couronnement de Rama. Il est représenté à travers 21 scènes spécialement écrites par les artistes et joué pendant 21 nuits. Ce travail, en partie rédigé en vers et en prose est appelé Adal pattu. Adal veut dire " représentation " et Pattu " raconter " La partie en vers de l'Addal-Pattu s'appelle Koothu-kavikal.

L'Adda pattu présenté de nos jours inclus un grand nombre de vers du Kamba-Ramayana, version Tamoule du Ramayana écrite par le grand poète kambar. Par contre certains vers ont été modifiés pour les besoins spéciaux des représentations. De plus les artistes ont aussi ajouté leurs propres vers en Tamoul et en Sanscrit, pour convenir à certaines occasions ou contextes. L'histoire et les vers sont rédigés sur des feuilles de palmes, reliées en accordéon et fermées par une couverture en bambou. Ces écrits sont précieusement conservés dans les demeures des marionnettistes.

Pour illustrer et interpréter la signification profonde des vers, les marionnettistes ajoutent des explications, des dialogues, et des histoires, non contenues dans la bibliothèque. Elles sont transmises oralement du professeur à l'étudiant. Les interprétations et les explications des artistes sont les bases sur lesquelles ils démontrent leur talent, leur érudition et leur originalité.

Il y a des divergences d'opinions, entre les spécialistes, à propos de l'époque à laquelle vécu le poète Kambar. Certains le situent au IXème siècle, les autres au XIIIème siècle. Le Ramayana de Kambar est composé de 6 chapitres (Kanda-s) qui se nomment Balkanda, Ayodhyakanda, Aranyakanda, Kishkindhakanda, Sundarakanda et Yuddhakanda. Bien avant que le Ramayana de kambar arrive au Kerala, le Ramayana était raconté par l'intermédiaire du Thol-Pavakoothu dans les temples de Bhadrakali ce qui nous conduit à en déduire qu'il existait une forme de Ramayana, spécialement écrite pour le Thol-Pavakoothu. Cette influence devient très forte quand la version originale fut transformée par de nouveaux vers. Des spécialistes pensent que cette modification aurait eu lieu il y a 350 ans, a Puthur, où vivait un érudit nommé Chinna tampi Vadhyar, appartenant à la caste des Valachetti. Apparemment cet homme fut le premier à introduire des vers du Ramayana de Kambar dans l'Addal-Pattu existant.

Un jour, Chinna qui avait de grandes connaissances sur le Ramayana, rendit visite à des bhramanes voisins pour les écouter le psalmodier. Mais il ne fut pas admis par cette assemblée parce qu'il appartenait à une caste inférieure. Humilié, il décida que l'actuel Ramayana de kambar serait accessible à tous les hommes et à toutes les castes. Il choisit un maître du Thol-Pahvakoothu qui ajouta plusieurs nouveaux vers ce qui modifia l'existence même de l'Addal-Pattu. Chinna Tampi fut le responsable de l'augmentation de popularité du Thol-Pavakoothu. Les artistes sont issues des castes Vallachetti et Nair. Kunchan Nambiar, l'un des grands poètes Malayalam du XVIIIème siècle, se réfère au Thol-Pavakoothu, avec vénération, dans son poème " Ghoshayatra " Cette indication montre à quel point cet art était populaire au XVIIIème siècle.

Suivant le contexte, pendant les scènes, les artistes donnent des explications, des informations et des commentaires qui peuvent durer plusieurs heures sur les vers ou les couplets. Le marionnettiste, qui relate l'histoire, à tendance à s'en éloigner volontairement pour introduire, avec finesse et pertinence, des sujets d'intérêts pour les spectateurs. Par exemple, le premier jour de représentation, il y a une description des attentions reçus par les reines de Dasharatha durant la période de grossesse. Sur ce point, le montreur d'ombres devient lui-même un praticien de médecine Aryurvédique et donne les instructions détaillées à suivre pour cet événement. De même, le 6ème jour, le récit décrit l'histoire d'Anasuya, femme de Atri Maharshi relatant à Sita les vertus d'une vie chaste. A cet instant, le montreur d'ombres, dans une ferveur toute poétique, encense les femmes indiennes et leur féminité. Ainsi le conteur à l'opportunité de constamment transformer l'astrologie, la médecine, l'architecture des écrits et tous les autres sujets liés au contexte..


Les ombres

" Le roi de Lanka, Ravana, subjugué par la beauté de Sita, demande au démon Mârîtcha de se transformer en biche d'or pour attirer Rama, noble fils de Raghou, dans la forêt, loin de sa bien-aimée. De cette manière le roi démon pourrait s'emparer de la belle Vidéhaine "

C'est tout naturellement que la peau de cerf fut utilisée et encore de nos jours, pour réaliser les ombres du Thol-Pavakoothu. Les facteurs d'ombres sont convaincus que le cuir de cet animal est sacré et générateur de prophéties. Quand la peau est nettoyée, séchée et tannée jusqu'à la consistance d'un parchemin translucide, la forme du caractère désiré est dessinée dessus. Puis la peau est découpée suivant ses contours. L'expression des visages, les décorations, les représentations d'armes, et de costumes sont ciselés, perforés avec précision et assurance. Plus d'une douzaine de ciseaux différents sont utilisés pour ce délicat travail. Une tige de bambou creux est fixée verticalement sur toute la longueur de la figurine, pour éviter à celle-ci de ne pas se plier ni de s'abîmer quand elle sera plaquée contre l'écran. Les couleurs des figurines sont codées et servent à leurs identifications. Elles sont peintes avec goût, raffinement et colorées de pigments naturels tels que l'écorce de l'arbre Kasav et les feuilles de l'arbre Neli. Chaque caractère important de l'histoire est représenté en 3 postures différentes : Assis, marchant et au combat. Normalement seule 1 main de la marionnette est mobile. Elle est fixée de telle manière qu'elle puisse être bougée et comporte une articulation au poignet, au coude et à l'épaule. Par contre les figurines combattant ont les 2 mains mobiles. La raison en est évidente, car pour tenir un arc et des flèches ou engager une bataille, l'ombre utilise ses 2 mains.

Elles peuvent aussi représenter des éléphants, des chevaux, des singes, des paons, ou d'autres animaux. Elles décrivent aussi des scènes naturelles, par exemple des arbres, des montagnes, une mer, ou un lac, mais sont toujours conçues de manière appropriée et offrent plusieurs possibilités d'articulations. Un caractère important est l'ombre de Sri Rama marchant et mesurant normalement 79 cm de hauteur et 46 cm de large. Les dimensions de Ravana combattant, sont de 85 cm de hauteur et 68 cm de large. Si elle est rangée précautionneusement une figurine peut-être conservée et utilisée pendant plus de 100 ans. Pour une représentation complète 130 caractères sont nécessaires.

La scène

Des scènes permanentes sont construites dans l'enceinte même de différents temples. Appelées " koothu-Madam " ou maison de jeux elles sont positionnées de manière à ce qu'elles soient face à l'image de la déesse du temple. Elles se présentent comme un castelet de théâtre ou une maisonnette fermée sur 3 côtés, avec une toiture. Le quatrième côté est constitué, sur toute sa longueur d'un muret d'environ 1m50 de haut et conserve une longue ouverture jusqu'au bord du toit. Les dimensions de la maison de jeux du temple Kavalappara Aryan Kavu, site fameux pour présenter cet art, atteignent 11m43 de long, 3m81 de large et 1m53 de haut. On raconte qu'autrefois il y avait plus 100 temples avec des Koothu-Madam. Actuellement il en reste 63 dans le district de Palghat et ses environs. Le devant de la scène est occulté par un écran de tissu blanc appelé Ayapudava. La partie basse est recouverte d'un tissu noir représentant le monde inférieur appelé Patala contrairement à la partie haute symbolisant la terre et les cieux. Une longue et étroite planche de bois appelée Vilakkumadam est fixée à 1m30 de hauteur, derrière le rideau et à quelques centimètres de celui-ci. Cette planche couvre entièrement la longueur de l'écran et c'est sur celle-ci que les sources lumineuses nécessaires sont disposées.

Eclairage et décoration

Des enveloppes de noix de coco cassées en 2 parties identiques servent de lampes. Elles sont placées sur la planche à équi- distance les unes des autres. De l'huile de coco est versée dans ces demi-sphères où trempe une mèche de coton. Normalement, 21 lampes sont utilisées mais dans certaines occasions, des effets supplémentaires de lumière sont crées. Une poudre appelée Telli, constituée d'une gomme pilée, séchée, provenant d'un arbre endémique au kerala, est jetée sur les flammes pour accentuer la lumière. Des torches sont allumées pour des occasions spéciales. Le devant et l'arrière de la scène sont décorés avec des feuilles de cocotiers ou des guirlandes de fleurs. Le maître marionnettiste " Madapulavar " supervise tous ces arrangements.


Musique et effets sonores

Lors d'une performance de Thol-Pavakoothu, la récitation des vers et des proses suivent un style et une tonalité particulière. Pour le chant des vers il n'y a pas de musique proprement dite, la tonalité des voix change suivant le contexte et les caractères. Quand un artiste récite un vers, les autres produisent un son harmonique " Aaa " qui, associé au rythme produit une sorte d'effet musical. Les 2 instruments qui accompagnent les récits sont un tambour ( Ezhupara) avec un corps en bois, fermé aux extrémités par des peaux de veaux et des cymbales en métal. Pour rehausser les effets dramatiques, un gong, une flûte, et une conque sont rajoutés dans certaines occasions spéciales. Par exemple pendant le combat entre Bali et Sugriwa, les 2 protagonistes grincent et claquent des dents, déracinent des arbres, se battent avec leurs troncs sur des rochers et hurlent comme des guerriers assoiffés de sang. Les artistes ajoutent alors des syllabes et des sons précis ( Vaithari-s) appropriés à ces scènes de bataille et narrent les dialogues des combattants. Quand ces événements sont terminés les artistes se ré-accordent avec le rythme et la tonalité d'origine.


Manipulation des ombres

Pour disposer les figurines sur toute la longueur de l'écran qui mesure plus de 12m de long, il faut pas moins de 5 artistes pour effectuer ce travail. Dans plusieurs cas, ils doivent courir d'un bout à l'autre du rideau avec leurs ombres dans les mains. Les 3 ou 4 artistes chargés de psalmodier les vers et de réciter les dialogues prennent leurs positions derrière ceux qui manipulent. Cette mise en place est obligatoire car le jeu va se poursuivre toute la nuit. C'est très éprouvant pour les artistes qui tiennent leurs rôles jusqu'au lever du jour. Le marionnettiste saisie sa figurine, comme un rapace, avec une main tandis que simultanément il manipule la main de l'ombre avec une tige qu'il a dans l'autre. L'artiste a, autour des poignets, des bracelets constitués de grelots et de petites cymbales qui produisent un son synchronisé avec la manipulation. Quand un caractère important est tué ou mutilé, un liquide de couleur rouge imitant la consistance du sang, est jeté sur l'écran pour produire une vision sanglante et réaliste. Des techniques particulières employées dans certains temple accentuent des scènes comme celle qui suit.

" Indrajit envoya la divine flèche-serpent Nagapasha qui plongea Lakshmana, Sugriwa et les autres dans un profond sommeil. C'est à ce moment que l'oiseau mythique Garuda arriva pour les aider "

Une marionnette en bois représentant Garuda, suspendue à des fils, actionnée par un système de poulies et de câbles tendus est manipulés devant et sur toute la longueur de l'écran. Ce qui donne à l'auditoire ébahis, l'impression de voir voler la marionnette.

Déroulement de la représentation

Les représentations du Thol-Pavakoothu sont conduites au travers de festivals annuels qui ont lieu dans les temples où les croyants payent pour la réalisation de leurs vœux. La représentation entière du Ramayana dure 21 nuits mais il existe des versions abrégées à 14 ou 7 nuits. Les jours où les performances sont organisées pour la cérémonie de la Pooja, des offrandes en l'honneur de la déesse sont faites juste après le coucher du soleil. On commence par allumer une lampe à huile en bronze appelée " Tookuvilakku " pour illuminer l'icône de la déesse puis elle est transportée jusqu'à la maison de jeu pour être suspendue au-dessus des musiciens. L'étape suivante est l'installation de l'écran. Ce rituel est nommé Koora-Iduka. Koora veut dire rideau ou écran et Iduka, mettre en place. Puis le devant du castelet est décoré. Vers 21 h un large rassemblement investi l'enceinte du temple pour assister à cette nuit magique. Le Velichappadu ( l'oracle de la déesse béni la foule, et leur communique des ordres en son nom) porte une écharpe en soie rouge autour du cou, des bracelets sonores aux chevilles et un sabre a la main, avec lequel il sacre le temple. Puis il se dirige vers la maison de jeu pour bénir les manipulateurs et les musiciens. La cérémonie du Velichippaddu allant du temple vers le Koothu-Madam peut être grandiose comme dans le temple de Payilur à Kollengode où une distance de 201 mètres les séparent. L'oracle est alors accompagné de 3 éléphants peints et magnifiquement décorés, de musique et de fumigènes. Après la bénédiction des artistes, la musique débute, suivi du rituel appelé Kalarichindu où les marionnettistes chantent un hymne pour invoquer la bienveillance de Ganapati, Sarasvati, Mamavishnu et d'autres dieux et déesses. Puis le Madapulavar beni la maison de jeu avec une Pooja spéciale appelée Ranga-Pooja qui a pour but d'assurer le succès de la représentation. Après ceci la figurine représentant Ganapati est placée derrière l'écran et les artistes chantent des hymnes pour invoquer sa bénédiction.

Puis les ombres de certains bhramanes sont montrés devant le rideau. Ces figurines, appelées Patta-Pavakal ou " poupées de bhramanes " sont les protectrices " Sutradhar-s " des ombres. Elles sont connues et nommées par leurs noms : Mallika Pattar, Somasu Pattar, Mootha Pattar et Gangayadi Pattar. Le maître marionnettiste converse souvent avec leurs figurines.

Voici l'exemple d'une conversation :

Madapulavar : Oh! Mallika Pattar, quand viens-tu ?
Mallika Pattar : Oui je viens, je viens
Madapulavar : Oh ! Somasu, ne viens-tu pas ?
Somasu Pattar : Oui je suis ici, j'arrive
Madapulavar : Oh! Mootha Pattar, es-tu arrivé ?
Mootha Pattar : Oui je viens, je suis ici
Madapulavar : Est-ce que Gangayadi est là ?
Gangayadi Pattar : je suis arrivé, je suis ici à présent
Tous les bhramanes ensemble : Hari, Hari, Govinda fait que Sri Rama soit victorieux. Si Sri Rama est vainqueur et prospère, nous voulons aussi le bonheur et la prospérité.


Ensuite les bhramanes chantent à la gloire de Mahavishnu. Suit des oblations et des sacrifices offerts aux dieux pour le bien être du genre humain. Le prochain devoir est la salutation aux maîtres qui ont formé les artistes du Thol-Pavakoothu. Mais ces grands érudits appartiennent à des castes inférieures et la croyance dit qu'il est impur pour les marionnettes des bhramanes de leurs obéir. Ainsi il ne reste plus qu'au Madapulavar, de faire disparaître les figurines des bhramanes de l'écran. A présent les marionnettistes pratiquent la cérémonie du Guru-Vandanam qui une fois terminée fera réapparaître les ombres bhramaniques. Elles s'adressent maintenant a l'auditoire :

" Regardez la belle danse du paon avec ses plumes déployées. Le coq sauvage aussi essaye de l'imiter. Nos tentatives pour jouer devant un public distingué peuvent apparaîtrent ridicules et futiles. Ainsi nous demandons humblement à l'érudite audience de nous pardonner pour nos inexactitudes "

Puis elles dévoilent le déroulement de l'histoire qui va nous être relaté aujourd'hui. Arrive l'instant du rituel appelé " Sadya-Vazhthal " Sadya veut dire banquet et Vazhthal louanges. Il invoque la bénédiction de Sri Rama et de Bhagvati et remercient les membres de la demeure où les repas du jour des artistes sont conservés. Les artistes louent le festin que la famille prépare pour eux, en énumérant toutes les denrées composant le repas. Quand ces cérémonies ritualistes sont terminées la représentation du Thol-Pavakoothu peut commencer. Au cours de la performance, à des moments précis de l'histoire, des fervents offrent de l'argent, des noix de coco, des guirlandes de fleurs aux montreurs d'ombres. De même, une offrande particulière est faite à la divinité du temple pour favoriser la fécondité, les mariages et les bonnes moissons. D'autres évènements favorables sont célébrés en exécutant la danse des Devastri-s " femmes célestes ", ponctuée par les prières du marionnettiste pour la prospérité du donateur d'offrandes.
Après le 21ème jour le jeu se termine avec la mort de Ravana. L'écran est enlevé et envoyé au nettoyage car il va servir une dernière fois, pour la scène appelée Sri Rama Pattabhisheka ou " le couronnement de Rama " et qui conclue la série. Puis l'écran est enlevé et le Madapulavar le déchire en plusieurs parties pour les distribuer à chaque artiste car la croyance veut que le rideau ne soit plus jamais utilisé. La saison des représentations de Thol-Pavakoothu s'étend de janvier à fin mai. Les villageois appellent les marionnettistes Pulavar-s ou " érudits " Ils sont respectés pour leur art mais aussi parce qu'ils sont de bons conseils pour régler les problèmes ou les conflits. Ils sont des hôtes de choix pour les familles de la région qui parfois prennent la responsabilité de la prise en charge du spectacle pour chaque jour.

De nos jours

Autrefois les marionnettistes ne considéraient pas leur art comme une source de revenu. Ils possédaient une ferme et du terrain, acquis principal pour gagner leur vie. Ils s'entraînaient à la manipulation pendant les intervalles où ils ne travaillaient pas a la ferme. Ils prenaient part aux représentations par dévotion, pour leurs divinités, et pour gagner une place honorable dans la société. La donation offerte par les temples est infime mais étant des gens honnêtes ils croyaient que les représentations pouvaient leur apporter une prospérité culturelle et encourager le peuple a être témoin de leur art.


Maintenant, toutes ces données ont subi un changement radical. La plupart des artistes qui participent à cette forme d'art sont pauvres et vivent dans d'affreuses situations. Ils ne restent jamais longtemps chez eux car les revenus occasionnés par les performances sont trop maigres pour subvenir aux besoins de leurs familles. En 1990 un artiste pouvait espérer recevoir 15 roupies ( environ 3 francs) au maximum. De plus l'arrivée de la télévision et du cinéma a fini par faire décliner leur art dans la vie des kéralais. Une longue période de formation est nécessaire pour former un artiste qui vers l'age de 7 ans commencera à réciter les vers, les apprendra par cœur et s'imprégnera des techniques de fabrication et manipulation des ombres. Pour quelques familles, le Thol-Pavakoothu est un héritage traditionnel très fort. Une famille du village de Koonathara près de Shooranur peut être fière de 4 générations de marionnettistes. Ces membres, véritables sommités dans ce domaine sont : Tampi, Muthappa, Ila et lakshmana Pulavar. Le leader de cette famille s'appelait Krishnankutty Pulavar mais il est malheureusement décédé en 2000. A Mathur, Kuthanur, Pudusseri et Kayiliyad il y a quelques familles avec une forte tradition de montreurs d'ombres.


La jeune génération de ces artistes ne s'intéresse pas à cette forme d'art. En 1990 il n'y avait que 30 artistes de Thol-Pavakoothu au Kerala. Confiné dans les temples pour les offrandes il est maintenant le bienvenu à l'extérieur par les Kéralais et les autres états indiens. En 1978 le festival national de théâtre d'ombres, organisé par la Sangeet Natak Académie de Bangalore lance un appel pour donner un statut national au Thol-Pavakoothu. En 1979 une troupe est sélectionnée pour donner une représentation au festival international de marionnettes de Moscou.
En août 1987 la troupe, dirigée par le maître Krishnankutty Pulavar et le marionnettiste G. Venu, donne des représentations au festival " manifestations indiennes de Suède " Après la Suède, la troupe se rend en Grèce, sur l'île d'Hydra pour se produire dans un festival dirigé par le fameux artiste Michael Meschke. Depuis, cet art est protégé et développé par M. G. Venu, directeur et fondateur du centre Natana kairali, véritable laboratoire de recherches, de protections pour tous les arts du Kerala.

Historique

Le Thol-Pavakoothu occupe une place très importante parmi les anciennes formes d'arts du Kerala. Thol signifie " cuir ", Pava " poupée " et Koothu " jouer " Le répertoire est toujours basé sur le grand poème épique : le Ramayana. Le Thol-Pavakoothu est interprété dans des maisons de jeux appelées " Koothu-Madam " spécialement construites dans l'enceinte des temples locaux. Cet art rituel, sacré et voué au culte des déesses est présenté périodiquement dans les temples de Bhagavati et de Bhadrakali à Palghat, dans ceux de Kali pendant le festival annuel Utsava et dans les régions voisines. Les artistes affirment que la déesse Bhadrakali observe le bon déroulement de la représentation, du début à la fin, surtout pour son propre plaisir. Cette croyance est basée sur la légende suivante :

" Il y a très longtemps, vivait ici un démon ( asura ) appelé Darika qui devenait une véritable menace pour les dieux et les hommes. Pour tuer ce démon Siva créa une déesse appelée Bhadrakali, chargée de l'empoisonner. Bhadrakali tua Darika au cours d'un grand combat mais n'assista pas à la victoire et au triomphe de Rama sur le roi de lanka, Ravana. Bhadrakali en fut éternellement malheureuse "

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